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Zone de Libre Échange Continentale Africaine : sans production, la RDC tente de se jeter dans l’aventure

Jean-Lucien Bussa, ministre du Commerce Extérieur
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Que va offrir la RDC au sein de la Zone de Libre Échange Continentale Africaine (ZLECAF), en gestation ? C’est la question que plus d’un analyste économique se pose, au regard de l’inertie de ce pays au cœur de l’Afrique, dépourvu en matière de production des biens et services, faute d’industrie. Pourtant, tous les pays qui comptent s’engager dans cette structure, attendent un partenariat gagnant-gagnant.

Côté RDC, des divergences s’observent quant à son adhésion ou non. Si le ministre du Commerce Extérieur Jean-Lucien Bussa qui est engagé au front pour la vulgarisation et la sensibilisation de l’opinion sur l’adhésion de la RDC à la ZLECAF se dit optimiste, pour sa part, le président de la Fédération des entreprises du Congo (FEC), reste très sceptique.

Selon le ministre Jean-Lucien Bussa, le développement de la RDC repose sur une économie compétitive qui constitue un défi qu’il faudra relever à tout prix. « Il nous appartient de définir et de mettre en oeuvre, des politiques économiques ambitieuses, cohérentes et réalistes, de manière à transformer nos défis en opportunité, seule voie royale pour avoir une économie forte et résiliente », a-t-il renseigné lors de l’échange avec le monde estudiantin.

Face à une fourchette des journalistes membres de l’ Union de la presse francophone (UPF), JL Bussa a soutenu que « la mise en œuvre de la ZLECAF suscite des craintes et pertes des recettes douanières et plusieurs défis à relever, entre autres : la connectivité à l’interne et l’externe, l’intégration économique nationale, le développement des infrastructures de base, l’accroissement de l’offre énergétique, une fiscalité incitative, le système financier avec marché attractif et propice à l’entrepreneuriat, le développement agro-industriel, la relance de l’industrie de transformation, le développement d’une économie compétitive, la fin de l’insécurité, l’amélioration de la lutte contre la corruption et l’amélioration du climat des affaires ».

Selon le ministre Bussa, il y a dès lors nécessité de s’interroger sur le commerce équitable, ici perçu sous une approche alternative au Commerce international conventionnel à partir du partenariat commercial fondé sur l’introduction de la notion d’équité dans les échanges…

Que va offrir la RDC ?

Parmi ses objectifs, la ZLECAF entend créer un marché unique pour les marchandises et les services facilités par la circulation des personnes, afin d’approfondir l’intégration économique du continent africain et ce, conformément à la vision panafricaine d’une  » Afrique intégrée, prospère et pacifique », tel qu’enoncé dans l’Agenda 2063; créer un marché libéralisé pour les marchandises et services à travers des cycles successifs de négociations; contribuer à la circulation des capitaux et des personnes physiques et faciliter les investissements en s’appuyant sur les initiatives et les développements dans les États parties; et les Communautés Économiques Régionales (CER); renforcer la compétitivité des économies des États parties au niveau continental et mondial, promouvoir le développement industriel à travers la diversification et le développement des chaînes de valeurs régionales, le développement de l’agriculture et la sécurité alimentaire…

Au regard des missions révolues à la ZLECAF, peut-on affirmer que la RDC sera-t-elle capable de satisfaire les attentes de ses pairs lorsqu’on sait que dans le domaine de l’industrie de base, le tissu économique souffre encore des effets des pillages de triste mémoire ? Peut-on également affirmer que chaque pays tirera parti de la ZLECAF ? Cette Zone ne profitera-t-elle pas qu’aux pays ayant atteint un niveau de développement avancé ? Y-a-t-il possibilité pour que même les moins avancés en général et la RDC en particulier, en tirent également profit ? Autant d’interrogations qui nécessitent des réponses appropriées.

Réponse du berger à la bergère ?

Comme pour s’opposer au ministre Bussa, le président de la FEC (Fédération des entreprises du Congo), Albert Yuma, a fait savoir au cours d’une table ronde sur les enjeux économiques de l’heure organisée dernièrement à Kinshasa, que la position du patronnat congolais face à l’adhésion de la RDC à la ZLECAF est négative, pour la simple raison que les conditions ne sont pas encore réunies.  » La FEC a été appelée au Parlement, l’Assemblée nationale et le Sénat réunis, pour donner son point de vue et ses arguments. Nos arguments étaient négatifs. Les conditions ne sont pas réunies. Il est inévitable qu’on devra s’offrir au continent africain, mais le plus important, c’est l’industrie. Nous n’avons pas encore d’industries et nous n’avons pas les produits manufacturés que nous pouvons livrer dans d’autres pays’, avait déclaré M. Yuma.

Pour lui, il n’est pas raisonnable que l’on échappe aux occidentaux, pour qu’on redevienne pour nos frères africains, simplement un déversoir de leurs produits et nous, on continue à exporter les produits primaires. Ce n’est pas une bonne chose. Nous ne sommes pas encore prêts, nous devons encore nous construire », a laissé entendre Albert Yuma.

Cependant, Albert Yuma avait rappelé que la FEC ne pouvait pas s’opposer à la ratification de l’accord d’adhésion à la ZLECAF, surtout que la RDC assume pour le moment, la présidence de l’Union Africaine (UA).  » La FEC devait-elle s’opposer à la ratification au moment où le Chef de l’Etat est président de l’Union Africaine ? Non! Mais la FEC a donné au gouvernement et l’Assemblée nationale, une liste des conditions suspensives à l’adhésion effective et à l’application des termes de la ZLECAF dans notre économie et nous veillerons à ça (…) ».

Au finish, Albert Yuma avait estimé qu’il faudrait, dans le cadre de la ZLECAF, amener les entreprises congolaises à être compétitives vis-à-vis de celles des autres pays de l’Afrique.

La Rédaction

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