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La mendicité : un véritable phénomène social à Kinshasa (Reportage)

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Sur les rues de Kinshasa, la capitale, l’on ne franchit pas un kilomètre sans tomber sur les personnes nécessiteuses. Mains tendues, des personnes de tous âges confondus, arpentent les grandes artères et carrefours en quête du pain quotidien pour certains, cette pratique s’étant transformée en un véritable métier, pour d’autres. La mendicité devient un véritable phénomène social, constate, sur terrain, Media Congo Press (MCP).

Dans la commune de Bandalungwa (ouest de Kinshasa), le parking Moulaert regorge de jeunes hommes dont l’âge varie entre 25 et 35 ans. On croirait qu’ils vendent sur les étals ou à la criée, ce qui n’est pas le cas. A l’image des salariés ou personnes évoluant dans l’informel dites ”coopérants”, ces derniers commencent leur journée dès le matin vers 7 heures jusqu’à 17 heures. Leur business consiste à aduler leurs prochains. En voiture où à pied, tous ceux qui croisent leur chemin en ont pour leur compte. Les djalelistes comme on les appelle, ils font du djalelo (éloges) taillé sur mesure, comme l’illustre la fable ”le corbeau et le renard”. ”Mopao, grand prêtre, leader, mère chef, le seul et l’unique, président, papa bana, meilleur couple”, des appelations bien contrôlées qui font des heureux soudainement mués en âmes charitables pour un 500, 1000, 5000fc et bien au-delà, tout dépend du pouvoir d’achat.

Au centre-ville, le spectacle est désolant. Certains parents vont jusqu’à utiliser leurs enfants (6-11 ans) dans le but de susciter la compassion pour s’attirer les faveurs des passants. Ils sont nombreux sur le boulevard du 30 juin aux côtés de personnes vivant avec handicap à mendier leur pain quotidien.

De même qu’aux arrêts de bus où nombreux feignent manquer l’argent de course pour une destination donnée. Avec un bon français pour la plupart, ils prétendent le plus souvent avoir été dans un entretien d’embauche ou avoir raté un rendez-vous. Une routine qu’ils abandonnent dès qu’ils sont repérés par les habitués.

La population victime de cette forme d’escroquerie impute cet état des choses à l’Etat congolais qui n’est pas en mesure de promouvoir l’emploi en faveur de ses citoyens.

La mendicité a pris de l’ampleur suite au chômage. Beaucoup de gens se tournent le pouce, les effrontés ravalent leur fierté sortent dans la rue et tendent la main pendant que d’autres utilisent leur voix, soutient-on.

Par contre, les tâches ménagères à rémunération mensuelle, quotidienne ou selon le besoin exécuté ne demande pas de moyens financiers au préalable, avance une autre opinion.

Notons qu’en RDC, le taux de sous emploi excède les 50 % alors que 88 % de la population reste submergée par la structure informelle. Cependant, d’aucuns espèrent que le plan d’action de création d’emplois pour les jeunes dans le secteur agricole disponible depuis septembre de l’année en cours, grâce aux partenaires internationaux, sera une réponse efficace au chômage au regard de plus de 80 millions d’hectares de terre arable dont dispose le pays.

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