Le parc national des Virunga a célébré ce lundi 21 avril 2025 ses 100 ans d’existence. Premier parc national d’Afrique, créé le 21 avril 1925, il est situé dans l’Est de la République démocratique du Congo, occupant environ 13 % de la superficie de la province du Nord-Kivu.
Le gouverneur du Nord-Kivu, le général-major Somo Kakule Evariste, a lancé à Beni-ville riveraine du parc et chef-lieu provisoire de la province, les activités marquant l’année du centenaire.
Il a indiqué que, durant un siècle, le parc des Virunga a « survécu aux guerres, au pillage de ses ressources et de ses espèces rares, à des invasions étrangères, à des tentatives d’exploitation incontrôlées, au braconnage, et bien plus encore ». Le chef de l’exécutif provincial s’est félicité que ce patrimoine mondial de l’Unesco continue de tenir bon grâce « au courage et au sacrifice des écogardes, aux efforts des autorités politico-administratives et coutumières, au soutien de la communauté internationale, et à l’attachement des communautés riveraines », à qui il a rendu hommage. Le gouverneur a plaidé pour une mobilisation collective afin que le deuxième siècle du parc soit celui de la consolidation des acquis. Il a ainsi annoncé l’organisation de divers cadres de réflexion pour pérenniser les efforts de conservation.
La cachette des groupes armés
Depuis des décennies, le parc national des Virunga est au cœur des conflits armés qui ravagent l’Est de la RDC. Il a toujours été un refuge pour des groupes armés locaux et étrangers. D’après le bilan synthèse du centenaire du parc, actuellement, environ 50 % de sa superficie est sous occupation de groupes tels que le M23, les Forces démocratiques alliées (ADF), les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) ainsi que divers groupes Maï Maï. Environ 1 500 combattants armés seraient toujours actifs dans et autour du parc.
Cette situation compromet gravement les efforts de conservation de l’environnement, met constamment en danger la vie du personnel chargé de la protection du parc, et met à rude épreuve l’engagement en faveur de la nature. Selon l’Institut congolais pour la conservation de la nature (ICCN), plus de 220 écogardes ont été tués au cours des vingt dernières années dans l’exercice de leurs fonctions.
30 millions USD de pertes chaque année
Les activités des groupes armés dans et autour du parc entraînent d’énormes pertes économiques. Ils se livrent notamment au pillage des ressources naturelles. Selon l’ICCN, ces groupes tirent environ 30 millions de dollars américains chaque année du trafic de ces ressources.
L’insécurité persistante a également conduit à la suspension des activités touristiques dans le parc. Pourtant, comme l’indique Emmanuel de Merode, directeur du parc national des Virunga, ce dernier demeure la principale destination touristique du pays. Jusqu’en 2015, avant la dégradation de la situation sécuritaire, le parc accueillait quelque 15 000 visiteurs par an. Ces activités généraient environ 4 millions USD de revenus annuels pour l’État congolais.
Delphin Mupanda / MCP, Nord-Kivu