Il y a de cela 20 ans que disparaissait, assassiné, le président Laurent-Désiré Kabila, dans sa résidence à Kinshasa. Pour nombre de congolais qui voient en M’zee le héros qui a mis fin à un régime dictatorial de plusieurs décennies et redoré la fierté à la nationalité congolaise, vivant, le Congo allait sûrement se développer avec lui.
”Si m’zee était encore là, le pays aurait sûrement décollé. La création du service national en dit long sur sa volonté d’indépendance économique. Présentement, je suis militaire et c’est grâce au traitement des soldats par M’zee que je me suis engagé dans l’armée. A son époque, un soldat touchait cent dollars américains, ce qui était très significatif pendant cette période parce que ce montant avait encore de la valeur et le spectacle des enrichissements illicite n’existait pas ! La modestie de vie des membres de son gouvernement aurait été un bon modèle pour ses successeurs”, a commenté en cette date commémorative un militaire.
Pour ces hommes de rang qui préfèrent taire leur identité, le revirement de Joseph Kabila, son fils, envers ceux qui ont collaboré avec le père laisse perplexe.
”Jusqu’à présent, je me demande comment Joseph Kabila a pu abandonner ceux-là en qui son père faisait confiance pour s’entourer des caciques de l’ancien pouvoir dont le père a combattu le système ! Résultats : impunité, enrichissements illicites et tous les maux décriés par son père ».
Bouter dehors le régime Mobutu est une chose, maintenir l’intégrité territoriale en est une autre. Et c’est ce qui lui reproche une frange de congolais qui lie la souffrance de la population de l’Est de la RDC à sa soif de pouvoir.
C’est le cas de M. Pange Jean-Pierre, trafficant de diamants de son état, qui estime que : ”l’insécurité dont nos frères de l’Est souffrent depuis deux décennies, n’est autre que le fruit de la soif du pouvoir de Laurent-Désiré Kabila ! C’est en acceptant d’être aidé par les troupes rwando-burundais-ougandaise que les pays respectifs de ces troupes ont découvert en intégralité les potentialités du Congo et en ont pris goût”.
Pour ce trafficant, l’arrivée des ”kadogos” (enfants soldats venus de l’Est) pour la libération, parlant swahili, a avili la langue autrefois très prisée. Un autre effet négatif de sa soif de pouvoir.
« Sous Mobutu, la langue swahili était prisée par bon nombre de kinois et d’ailleurs. Son interprétation dans plusieurs tubes à succès comme « Nadina” et ”Shawuri Yako” de Tabu Ley interprétés par Mbilia Bel, pour ne citer que ceux-là, prouvent à suffisance son appréciation. Mais avec la venue de ’kadogos’ sous sa conduite, cette langue fut transformée en langue barbare puisqu’elle a désormais servi d’appât pour intimider et menacer [trafic d’influence] le peuple pour lequel il s’est battu. Et son manque de diplomatie a coûté au pays un isolement politique comme sans précédent », déplore t-il.
Si pour certains, Laurent Désiré Kabila est un héros, cependant tous n’adhèrent pas à cette vision de choses. Néanmoins, sa rigueur en matière de finances publiques devrait servir de modèle à ses successeurs. En son temps, les enrichissements illicites n’ont pas eu droit de cité.
Serge Maheme