Le 4 août 2021, la base militaire de Kitona, dans la province du Kongo Central, a été attaquée par l’armée rwandaise, celle-là même qui avait accompagné Laurent-Désiré Kabila, quinze mois plus tôt, dans sa lutte pour la libération du Congo.
800 soldats rwandais, dirigés par le général James Kabarebe, avaient débarqué dans ce coin situé dans l’ouest de la République démocratique du Congo. L’assaut a eu lieu après la victoire rapide des agresseurs dans la partie Est du pays, précisément à Uvira, Bukavu et Goma, tombées en deux jours.
En effet, trois avions dont 2 Boeing 727 appartenant aux compagnies Congo Airlines (CAL) et Lignes aériennes congolaises (LAC) et un Boeing 707 de la Blues Airlines avaient été détournés à Goma par des militaires rwandais, sur ordre du commandant James Kabarebe.
Ce dernier prendra place avec plus de 800 militaires dans ces avions pour atterrir, sans coup férir, à la base militaire de Kitona où des milliers de militaires congolais étaient casernés, principalement des anciens membres des Forces Armées Zaïroises(FAZ) et de la garde prétorienne du président Mobutu, la Division Spéciale Présidentielle, (DSP), dont le régime de Kabila se méfiait et qui y avaient été envoyés afin d’être rééduqués avant leur réintégration au sein des Forces Armées Congolaises (FAC).
James Kabarebe était parvenu à les convaincre de rallier la cause de la nouvelle rébellion. Stratégiquement, il savait que pour envahir le Congo, il faut prendre Kinshasa. Cette dernière est approvisionnée depuis Matadi et Inga. Il suffisait donc de couper la ville de son cordon ombilical : le chemin de fer, la route, le pipeline venant de Matadi ainsi que la ligne d’électricité venant d’Inga.
Dès le lendemain de leur arrivée à Kitona, soit le 5 août, les ports de Banana et Moanda sur la côte Atlantique étaient tombés. Du coup, Kinshasa a été coupée de l’océan. Cinq jours après, soit le 10 août, le port fluvial de Matadi était, à son tour, entre les mains des agresseurs.
Enfin, le 13 août, ils s’étaient emparés de l’immense barrage hydroélectrique d’Inga, coupant ainsi Kinshasa de son alimentation en électricité. Jusque-là, James et ses éléments avaient surmonté, sans difficulté, la faible résistance des éléments des FAC présents dans la province.
Laurent-Désiré Kabila avait évité, de justesse, la prise de Kinshasa et la chute de son régime, grâce à une colonne motorisée et blindée, composée de 2.500 hommes appartenant aux 5e et 18e régiments angolais qui avait pénétré en République démocratique du Congo, à partir de l’enclave angolaise du Cabinda.
Après l’échec de l’ennemi, les musiciens congolais ont composé une chanson intitulée « To kufa po na Congo », grâce à l’arrangeur Souzy Kaseya, pour encourager l’armée congolaise et son commandant suprême, M’zée Laurent-Désiré Kabila. L’un des morceaux célèbres est celui chanté par Wendo Kolosoy rappelant ainsi le calvaire vécu par des Kinois après la coupure d’eau et d’électricité par les agresseurs : » To zangi mayi solo… To zangi mwinda solo… Likolo ya ba niangala kata oyo … »
LM