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A Djugu, les déplacés sécurisent leurs sites pour éviter les attaques des miliciens (reportage)

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La sécurité est une affaire de tous dit-on. Malgré les opérations menées par les forces de sécurité contre les groupes armés dans le territoire de Djugu, province de l’Ituri, la contribution de la population est non négligeable. Les déplacés de guerre vivant dans des sites se sont organisés en plusieurs structures pour prévenir des attaques des miliciens.

Ici, on joue, là, on boit, ailleurs, on vend. Mardi 16 janvier 2024, il est 21 heures, nous sommes dans le site de déplacés de Lodha, situé dans le groupement Dzna en secteur de Walendu-Pitsi.

Hommes, femmes et même des enfants, sont réunis en groupuscule à l’entrée principale du site. Sous un faible éclairage, une température trop basse, certains entourent le feu.

Mais d’autres restent vigilants pour éviter l’infiltration des miliciens de la Coopérative pour le développement du Congo (Codeco), qui ont déjà attaqué et menacent souvent ce site. Il s’agit des membres des groupes de vigilance, qui ne dorment jamais au nom de leur sécurité.

« Nous travaillons chaque nuit à partir de 20h jusqu’à 7h du matin. Quand nous constatons une incursion, nous devons directement signaler. À un moindre cas suspect, nous manipulons le dispositif qu’on nous a installé ici pour alerter tout le monde. Nous avons même leur numéro [Soldats Népalais de la Monusco basés près du site] que nous appelons pour qu’ils arrivent. Nous ne dormons pas ici », a expliqué Vigile, une femme membre de ce groupe.

Ils ont été formés sur les questions sécuritaires par le bureau des affaires civiles de la Monusco, « pour leur permettre d’être aussi des acteurs de protection, afin de prévenir des attaques qui pouvaient être perpétrés par les groupes armés ici à Lodha. À part cette équipe des vigiles il y a aussi l’équipe du comité des déplacés qui ont aussi été formés afin qu’ils soient efficaces lorsqu’ils reçoivent des alertes pour qu’il n’y ait pas de cas de tuerie dans le site », indique Claude Motolo Assistant de liaison communautaire au sein de la Monusco à Fataki.

Une menace supérieure à la capacité de protection

Les alertes des déplacés de guerre arrivent parfois en retard faute de la faible ou absence de la couverture du réseau de télécommunication. Ce défi et bien d’autres, comme l’absence des routes, ne permettent pas aux acteurs de protection, comme les FARDC et la Police nationale congolaise basés à Fataki respectivement à 2 et 4 Km de ce site, d’intervenir à temps lors des incidents, déplore le commandant du contingent Népalais de la Monusco dans la zone. Et par conséquent, la capacité de nuisance des assaillants semble être supérieure à la capacité de protection physique.

Le gouverneur de la province de l’Ituri, le lieutenant-général Luboya Nkashama Johnny reconnait ce défi. Il ajoute un défi lié à l’effectif de militaires congolais, d’où nombreux ont été déployés au Nord-Kivu, au front contre le M23. Il rassure, toutefois, que les dispositions ont déjà été prises pour raccourcir le délai d’intervention des forces de sécurité en cas de besoin. Il annonce une rencontre avec les sociétés de télécommunication pour renforcer leurs capacité de couverture cellulaire.

Le territoire de Djuy, en Ituri, est confronté à des tensions intercommunautaires depuis plusieurs années. Ces tensions ont été à la base de la mort de plusieurs centaines de personnes, dont des déplacés de guerre tués dans des sites.

Delphin Mupanda/MCP

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