24 avril 1990 – 24 avril 2025, cela fait 35 ans que le vent de la démocratie a soufflé en République démocratique du Congo, Zaïre à l’époque.
Le maréchal Mobutu n’a su résister à cette tempête, au point de décréter le pluralisme politique. Des partis politiques qui étaient en clandestinité ont commencé à œuvrer au grand jour. Parmi eux, l’Udps d’Étienne Tshisekedi, le Palu d’Antoine Gizenga ou encore le Pdsc d’Ileo Songoamba
35 ans après, MCP a accordé la parole à la population pour avoir son point de vue.
« C’est une démocratie à la tête du client », réagit Jean Mbenga, 36 ans, enseignant dans une école de la commune de Lemba, qui estime qu’elle est pratiquée pour les plus forts, alors que les plus faibles continuent de subir les effets de la dictature.
À Lingwala, Christian D, 37 ans, pâtissier, constate quant à lui que « nous n’avons pas la liberté de parler. Les services de renseignement nous guettent. Si vous vous exprimez publiquement contre le pouvoir, ils vous traquent ». Un argument balayé d’un revers de la main par Armand Kas qui explique que « ce qui se passe à la télévision est une expression de la démocratie. Pendant les débats politiques, certains invités vont jusqu’à proférer des injures aux dirigeants en place, sans être inquiétés.
Marlon Ndima, 40 ans, gérant d’un débit de boisson à Bandal, regrette de son côté que, 35 ans après, on continue d’empêcher des partis politiques de fonctionner. Allusion faite à la décision du vice-premier ministre de l’Interieur, Me Jacquemin Shabani, de suspendre les activités du Pprd de Joseph Kabila.
« Nous marchons à reculons », estime un tenancier d’une cabine téléphonique à Bumbu, la trentaine révolue, qui a requis l’anonymat. « Mobutu avait décrété la démocratie mais ne l’a pas appliquée. M’zée Kabila a fait pire que Mobutu, allant jusqu’à suspendre les activités des partis politiques et envoyer Étienne Tshisekedi dans son village natal. Joseph Kabila a donné une bonne impression au début. Mais après les élections de 2006, il s’est comporté en véritable dictateur, forçant en exil plusieurs opposants. Les assassinats d’Armand Tungulu, Floribert Chebeya, Fidèle Bazana, Rossy Mukendi, Thérèse Kapangala, l’incendie du siège de l’Udps où des combattants ont trouvé la mort… c’était sous son règne ». Il a poursuivi en soutenant que Félix Tshisekedi qui devait sauver les meubles « m’a également déçu. Il avait promis de fermer les cachots secrets, mais ne l’a pas fait. Son entourage l’a induit en erreur en faisant de lui un être suprême plutôt qu’un démocrate. Au point de copier tout ce qu’on a décrié sous son prédécesseur : l’injustice, l’impunité, le tribalisme… ».
Robert Tony, 41 ans, taximan, habitant la commune de Matete, pense que depuis 1990, « Félix Tshisekedi est le président le plus démocrate que le Congo n’a jamais connu ». Toutefois, il a salué Joseph Kabila Kabange d’avoir organisé les premières élections libres, démocratiques et transparentes après 32 ans de règne de Mobutu. « Mais je regrette qu’il ait encore fait un bond en arrière en soutenant l’agression rwandaise et en s’affichant du côté des rebelles qui tuent ses propres frères ».
LM