Après la désignation de Jean Michel Sama Lukonde au poste de Premier ministre, la population congolaise impatiente, veut le voir à l’œuvre tout de suite après la formation du gouvernement qui, si les choses s’accélèrent, peut être effective d’ici le mois prochain.
Parmi les défis économiques qui doivent être relevés par le Premier ministre et son équipe, l’on note la construction du port en eaux profondes de Banana dans la province du Kongo central ; la construction du pont entre Kinshasa et Brazza-ville ainsi que la matérialisation des zones économiques spéciales.
S’ouvrir à la mer
Le projet du port en eaux profondes se situe sur la pointe de Banana, à l’embouchure du fleuve Congo. La phase 1 de ce projet prévoit de construire un quai de 600 m2 et de 25 hectares d’espace de stockage pour un coût global de 350 millions USD. Au total, ce projet comprend quatre phases avec au final un investissement de 1 milliards de dollars américains. La concession de ce port a été attribuée au groupe DP World. Le groupe de Dubaï doit constituer une co-entreprise avec des intérêts congolais. C’est au sein des différents intervenants congolais que des divergences demeurent.
Le 11 septembre 2020 lors d’un conseil des ministres, le Président de la République Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo a relevé des divergences profondes au niveau de la partie congolaise, non seulement sur la stratégie de négociation et d’implémentation de ce projet vis-à-vis du partenaire privé, mais aussi sur le modus operandi pour y parvenir. Ces divergences porteraient sur les projets d’avenant de la Convention de collaboration portant délégation de service public et les avenants au pacte d’actionnaire de la société concessionnaire du port.
Aussitôt les divergences levées, le cap doit être orienté vers le lancement des travaux de construction du port. Une fois le document adopté par le conseil des ministres, « le Président de la République signera les ordonnances nommant les mandataires congolais dans la société concessionnaire avant le lancement des travaux de construction du Port en eaux profondes de Banana.
Il faut noter que le projet de port en eaux profondes de Banana est inscrit en haut des priorités du président Tshisekedi. Ce port devra offrir au pays une ouverture sur la mer avec la capacité de recevoir des navires de plus grande capacité.
Relier deux capitales
Quant au pont route-rail devant relier Kinshasa à Brazzaville, il faut noter que le projet d’un tel pont fut conçu en 1991. Des études furent même financées mais le projet sera finalement relégué aux oubliettes faute de financement et à cause des différents problèmes internes que les deux pays ont connu.
En 2003, la Cellule d’infrastructures de transport, qui coordonne les projets routiers en Afrique centrale en coopération avec l’Union européenne, reprend l’idée et propose un nouveau site, en aval des deux capitales, où la largeur du fleuve n’est que de 500 m. Les experts estiment le coût de construction d’abord entre 40 et 80 millions de dollars américains. Quelques mois plus tard, le coût sera revu à 400 millions d’euros.
En août 2005, le gouvernement de transition de la RDC est réticent au projet conçu dans le Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD), au coût évalué à 100 millions de dollars américains. Pour cause, celui-ci pourrait porter préjudice à l’activité économique des ports de Matadi et de Boma.
En février 2010, un Comité technique mixte (CTM) et un sous-comité ferroviaire (SCF) sont installés, lors d’un atelier préparatoire combiné à Brazzaville, afin de travailler sur la mise en œuvre du projet du pont route-rail et l’étude d’autres projets comme l’aménagement de la route Ketta–Djoum ou le prolongement du chemin de fer entre Kinshasa et Ilebo.
En janvier 2017, la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC) réactive le projet et estime que les travaux de construction du pont entre Kinshasa et Brazzaville pourraient commencer fin 2017 ou début 2018. En effet, le financement par la Banque Africaine de Développement et les deux Congo se précise.
Le 12 mai 2019, la Banque africaine de développement (BAD) annonce que les travaux de construction du pont seraient lancés en août 2020 et a détaillé le financement qui se chiffrerait à 550 millions de dollars.
Réorganiser l’industrialisation
Concernant les Zones économiques spéciales en RDC, elles s’inscrivent dans le cadre de la diversification d’une économie encore fragile, qui dépend essentiellement du secteur minier. Pour ce faire, les autorités ont décidé de créer six zones économiques spéciales à travers le pays.
La première Zone économique spéciale (ZES) pilote a été lancée le 4 novembre 2020 à Maluku, dans la banlieue de la capitale Kinshasa. Une initiative qui vise à séduire les investisseurs étrangers, car ces zones géographiques sont couvertes d’une fiscalité spéciale et avantageuse. Quant aux cinq autres ZES, elles seront exécutées dans l’espace Kasaï ; l’espace Equateur ; espace Kivu ; espace Katanga ainsi que l’espace Oriental.