Trois civils sont morts et trois autres blessés à Beni (Nord-Kivu) dans une incursion attribuée aux Forces démocratiques alliées (ADF), un groupe armé affilié à l’État islamique, selon les autorités congolaises et l’ONU.
L’attaque s’est déroulée dans la cellule Undesiba, dans le quartier Nzuma, près de l’aéroport de Mavivi. Les assaillants armés parmi lesquels des femmes et des enfants ont pillé des maisons des habitants qui venaient de fuir lors de tirs à rafales.
« Nous avons entendu les bruits des gens qui étaient ici à l’extérieur. En sortant de la maison, j’ai entendu les cris de détresse de quelqu’un. Ils sont entrés dans la maison et ceux qui sont venus en premier étaient nombreux. C’étaient des hommes, femmes et enfants. Ils avaient d’autres personnes ligotées, il s’agirait des otages qui étaient emportés dans leurs champs. Ils ont emporté presque tous les biens ici, parmi lesquels les habits et mangé la nourriture qui était déjà prête », a expliqué Rebecca Angasa, rescapée.
Des assaillants guidés
D’après Kasereka Kapisa, chef de quartier Nzuma, les assaillants sont venus de Tepiomba et Masulukwede. Deux personnes qu’ils auraient enlevées dans leurs champs leur ont servi de guide pour dévier des positions militaires basées dans la zone. Arrivés à Nzuma, à 6Km de leur lieu de provenance, ils ont abattu une d’entre elles et blessé l’autre par armes blanches.
« L’ennemi voulait se ravitailler en vivres dans des boutiques le long de la route. Ce que nous venons d’observer, il y a trois morts, tous des hommes, dont un papa et un jeune de 16 ans et un enfant d’environ 9 ans. Ils ont été guidés par des personnes, leurs otages depuis la journée, qui les ont conduits à Mavivi et Nzuma, malheureusement, ils les ont ensuite tués », a-t-il expliqué.
Une attaque de plus : ”Trop c’est trop”
Cette nouvelle incursion n’est pas la première à être déplorée dans l’espace Mavivi. C’est une troisième attaque meurtrière dans la zone et la suite de plusieurs autres dans le territoire de Beni, Irumu et Mambasa. La société civile évalue à une centaine les personnes tuées dans ces drames, depuis le mois de janvier 2024. La population s’est soulevé contre cette situation qui serait évitée. Elle dénonce la « négligence » de ses alertes sur le mouvement des assaillants, une dénonciation qui revient après presque toutes ces attaques.
Des barricades étaient improvisées et la route RN4 bloquée empêchant à l’ambulance d’accéder dans la zone pour récupérer les corps des victimes. Il a fallu l’intervention des éléments de la Police nationale congolaise pour délivrer la route après un long moment d’échange des grenades lacrymogènes et des projectiles avec les manifestants. Plusieurs jeunes du coin ont été interpellés par la police.
La psychose gagne les esprits de la population locale après cette nouvelle incursion. Des attaques armées meurtrières sont régulièrement enregistrées dans les territoires de Beni, Mambasa et Irumu, depuis le début de l’année en cours. D’après la société civile, une centaine de civils ont trouvé la mort dans ces différentes attaques.
Delphin Mupanda/MCP, Nord-Kivu
